Métaux précieux, vins, parkings… Investir dans des placements atypiques, un pari risqué
Les placements « atypiques » ne reposent pas sur des produits d’investissement traditionnels tels que les actions, les obligations ou les fonds communs de placement. Décorrélés des marchés financiers, les œuvres d’art et les placements atypiques (métaux précieux, bijoux, chevaux de course, vin, panneaux photovoltaïques) sont des investissements permettant de diversifier et de valoriser son patrimoine.
Ce sont des placements coup de cœur ou de diversification. Toutefois, même si ces actifs concrets paraissent rassurants, il convient d’investir avec prudence.
Attention aux pratiques frauduleuses
De nombreuses pratiques frauduleuses ont été détectées par l’autorité des marchés financiers (l’AMF) portant sur des effets de mode tels que les énergies renouvelables, les manuscrits, les diamants, les terres rares, etc.
Les pratiques consistent à biaiser la perception des investisseurs en leur promettant de forts rendements tout en mettant en avant des garanties en capital (qui sont en réalité inexistantes).
Les promesses de rendement élevé
Le risque zéro n’existe pas, il y a toujours un risque de perte en capital dans les placements atypiques. Le risque et le rendement sont corrélés, plus il y a de rendement potentiel, plus le risque est grand. Il n’existe pas de produits d’investissement à capital garanti offrant une forte rentabilité.
Les promesses de fort rendement sont des hameçonnages, car les estimations sont souvent trompeuses, les hypothèses de retour sur investissement ne reflètent pas la réalité du marché.
Lors d’un investissement, l’espérance de rentabilité est primordiale, mais elle ne se résume pas au rendement. Il faut également prendre en considération la possibilité de revendre l’actif et le gain potentiel. De nombreux problèmes ont été soulevés quant à la difficulté de revendre un actif atypique. Il convient de se renseigner sur les délais de conservation à respecter ainsi que les modalités de revente.
Les règles juridiques et fiscales
Chacun de ces placements répond à une réglementation qui lui est propre. Il faut que vous compreniez de quel régime juridique relève le placement atypique pour en déterminer sa fiscalité tant sur le rendement que sur le gain potentiel à la revente. Le vendeur, commercialisateur, intermédiaire doit vous remettre un document d’information vous expliquant toutes les caractéristiques du placement.
Par exemple : les vins sont juridiquement classés dans la catégorie des biens meubles. Si vous êtes assimilé à un vendeur occasionnel, toute cession, dont le prix de vente est inférieur à 5 000 €, est exonérée d’impôt. Si le prix de cession est supérieur à 5 000 €, la plus-value est imposée au taux proportionnel de 19 %. Il convient d’ajouter les prélèvements sociaux au taux de 17,2 %.
À noter, un abattement de 5 % par année de détention au-delà de la deuxième est accordé, soit une exonération d’impôt et de prélèvements sociaux après 22 ans de détention.
Les bonnes pratiques avant d’investir
Avant d’investir dans ce type de placement, des actions sont à effectuer afin de déjouer une éventuelle escroquerie :
- vérifiez si ces placements sont enregistrés auprès de l’AMF. Pour réaliser cette vérification, il suffit de vérifier le numéro d’enregistrement figurant sur le document d’information qui doit obligatoirement vous être fourni.
Si vous n’avez pas reçu ce document ou qu’il n’y a pas de numéro d’enregistrement au sein de ce document, le placement n’a pas été agréé par l’autorité des marchés financiers (ce n’est pas toujours obligatoire, mais cela peut laisser présager d’une éventuelle arnaque) ; - informez-vous sur la société qui commercialise le placement. Une société de gestion agréée par l’AMF a obtenu un agrément consultable sur le site de l’AMF. Un prestataire en service d’investissement (PSI : banque, courtier) est agréé par la banque de France, le registre des agents financiers (REGAFI) permet de le vérifier ;
- méfiez-vous des vendeurs trop insistants ou qui voudraient trop vite vous faire signer. N’investissez pas tout de suite, laissez-vous le temps de vérifier les informations et de réfléchir. Gardez à l’esprit que ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un bien réel, que le placement est moins risqué.
Que faire en cas de litige ?
Si le placement atypique s’avère être frauduleux, vous devez dans un premier temps tenter de résoudre le litige directement avec l’interlocuteur. Si la réponse est insuffisante, vous pouvez alors :
- si la société de gestion est agréée par l’AMF, vous pouvez prendre contact avec le médiateur de l’AMF qui étudiera si votre litige entre dans son domaine de compétence. Si c’est le cas, il pourra proposer de régler le différend à l’amiable ;
- si la société de gestion n’est pas de la compétence de l’AMF, vous pouvez porter plainte auprès d’un commissariat de police, d’une gendarmerie ou par courrier auprès du procureur de la République.
Cordialement,
L’équipe d’AIC Patrimoine